Aller au contenu

Quand est-ce raisonnable d’emprunter?

Les dettes réduisent notre marge de manœuvre. 

Quand on doit prendre une partie de son argent pour payer pour un article qu’on possède déjà et pour lequel l’excitation ou même la satisfaction s’est évanouie, on a l’impression de jeter son argent par la fenêtre au lieu de le consacrer à des choses qui pourraient nous apporter plus de plaisir et d’excitation.

Dans cet article, je mentionnais qu’il est important de réduire ses dettes pour se donner plus de marge de manœuvre pour notre vie actuelle et future. Beaucoup de gens dans la communauté des finances personnelles brandissent la vie sans dettes comme un trophée. D’autres estiment carrément qu’avoir des dettes c’est mal et il n’y a aucune exception à cela.

Cependant, tout n’est pas tout blanc ou tout noir dans ce domaine non plus comme souvent en matière de finances personnelles. Au risque de me répéter, les finances personnelles sont personnelles et c’est à chacun de prendre les décisions qui lui conviennent. Mais il y a quand même des règles générales qui sont bonnes à considérer si on veut atteindre certains objectifs.

Pour en revenir aux dettes, elles ne sont pas toutes faites pareilles. S’il y en a certaines qui peuvent nous maintenir dans la précarité financière pendant longtemps, il y en a d’autres qui peuvent nous permettre d’atteindre nos objectifs plus rapidement.

Voyons rapidement les dettes qu’il est préférable d’éviter avant de voir les autres

Les dettes à éviter

Avances sur salaire

Ça, c’est un concept très Nord-Américain que j’ai encore du mal à comprendre. Avec tous les types de crédits abordables qui existent dans ce pays et les salaires qui sont payés soit chaque semaine ou aux deux semaines ou à la quinzaine, je ne comprends pas comment quelqu’un peut en arriver à emprunter de l’argent à des taux aussi exorbitants. Toujours est-il que ces structures existent et ont de la clientèle. 

Comment ça fonctionne? Tu vas dans une structure d’avance sur salaire, tu empruntes par exemple 100$ à rembourser la semaine prochaine avec un intérêt de 15 ou 20$. Dis comme ça, ça n’a pas l’air terrible sauf qu’une personne qui est rendue à emprunter dans ce type de structure ne gère pas nécessairement bien son argent et a certainement d’autres dettes à s’acquitter à l’instant où il reçoit sa paie. Donc lorsque l’échéance arrive, il y a de fortes chances que l’emprunteur ne dispose pas de cet argent, ce qui va multiplier les intérêts à payer sur le prêt. 

Les intérêts sur ce type de prêts peuvent être de l’ordre de 200 à 400% annuels. À mon avis, il vaut mieux ne pas payer une facture à temps et voir sa cote de crédit baisser que de prendre ce type de dette 

Cartes de crédit

Les cartes de crédit ont souvent des intérêts de 20% en montant. Ce qui en fait des dettes très couteuses. Surtout si elles sont le résultat d’achats compulsifs de choses dont on n’a pas besoin avec l’argent qu’on ne possède pas. J’ai déjà eu ce type de dettes. J’allais trainer dans les centres commerciaux et j’achetais tout ce que je trouvais beau et qui était en solde. J’achetais avant de trouver l’usage que je ferai de l’article (secoue la tête avec stupéfaction). J’ai compris ma douleur quand les intérêts on commencé à s’accumuler sur le solde de la carte de crédit.

Voilà d’après moi les deux dettes qu’on ne devrait jamais avoir dans sa vie parce qu’elles sont extrêmement couteuses et signes d’une mauvaise gestion de ses finances. Si tu as ce type de dettes, j’espère que tu as un plan pour t’en libérer rapidement.

Les dettes raisonnables

Dettes de consommation

Il y a un autre type de dettes qui ne fait pas l’unanimité. Certains pensent qu’elles sont à éviter tandis que d’autres pensent qu’elles sont raisonnables dans certaines situations. Je dois avouer que j’étais de celles qui pensent que ce sont des dettes qu’on ne devrait jamais avoir parce qu’elles dénotaient qu’on vit au-dessus de ses moyens. Mais j’ai changé d’avis et je pense qu’il y a des circonstances où il est tout à fait raisonnable de recourir à ce type de dettes. Il s’agit des dettes de consommation.

Les dettes de consommation ce sont les dettes qu’on prend pour s’acheter des produits de consommation comme les meubles, les électroménagers, les automobiles. Les magasins d’ameublement offrent souvent des prêts à rembourser en 12, 24, 36 paiements égaux ou plus sans intérêts. Même si ces paiements égaux « sans intérêts » comprennent déjà les intérêts. 

Les prêts auto

Les prêts auto aussi ont des taux d’intérêt relativement bas pourvu qu’on ait un bon score de crédit.

Pourquoi d’après moi il serait raisonnable de prendre ces dettes ? 

Je me suis retrouvée au printemps dernier dans une situation où j’aurais dû emménager dans un nouvel appartement toute seule. À ce jour, je ne possède même pas une cuillère à mon nom, donc si je menais ce projet jusqu’à son terme, j’aurais dû m’acheter en quelques semaines pour plus de 5000$ d’équipement. Ça c’est en tenant compte que je comptais acheter certains équipements d’occasion et en prendre d’autres chez des amis. Bien que je possédais une telle somme, je ne pense pas qu’il aurait été optimal de mettre la totalité dans l’achat d’équipement quand il serait possible d’acheter les mêmes équipements à un taux d’intérêt très bas voir nul.

Pareil pour la voiture. Je pense qu’au-delà d’un certain montant il est bon d’emprunter plutôt que de payer comptant. Parce qu’il y a un coût d’opportunité qu’on manque en économisant pour de grosses dépenses pendant plusieurs années au lieu d’investir. Surtout si c’est pour des prêts avec des taux d’intérêt aussi bas que 7% ou moins (L’investissement rapporte en moyenne 10%)

Cependant, évitons de tomber dans les pièges des paiements mensuels à 250$/mois pendant 10 ans. Beaucoup de gens utilisent l’idée qu’il est mieux d’emprunter pour les gros achats que de payer comptant pour s’enfoncer dans de mauvaises décisions financières. 

Une règle générale pour l’achat des voitures notamment est celle du 20/4/10. Selon cette règle, on doit toujours faire un paiement initial d’au moins 20% de la valeur de la voiture, financer la différence sur une période maximale de 4 ans et les dépenses totales liées à la voiture ne doivent pas dépenser 10% du revenu mensuel. Donc si je prends l’exemple d’une personne qui gagne 60000$ par an, elle peut se permettre de dépenser 6000$ par an sur une voiture soit 500$ par mois. Ceci ne signifie absolument pas qu’elle peut acheter une voiture de 24000$ (6000$/an x 4 ans). Ce 500$ que la personne peut se permettre par mois pour la voiture inclut l’assurance et d’autres frais comme les plaques d’immatriculation et le permis de conduire. Au final, avec un revenu de 60000$ par an, on peut se permettre une voiture de 15 à 18000$ dépendamment d’où on vit et des coûts de l’assurance et autres.

Une autre règle générale assez simple pour l’achat des voitures est qu’elles ne doivent jamais dépenser 30% du revenu global. Avec un revenu de 60000$, on peut se permettre une voiture d’une valeur maximale de 18000$. 

Voyons maintenant les dettes dites raisonnables (à moins que l’on s’appelle Dave Ramsey)

L’hypothèque

À moins que tu sois un riche héritier ou je ne sais quoi d’autre, la plupart des gens ont besoin d’une hypothèque pour accéder à la propriété. Et même si on a l’argent nécessaire pour s’acheter une maison au comptant, il y a un gros coût d’opportunité à immobiliser ou sortir autant d’argent des marchés financiers.

Jeremy Schneider de Personal Finance Club sur Instagram a récemment fait une publication pour expliquer que l’achat au comptant de sa maison lui a couté plus cher que s’il avait pris une hypothèque. Donc, comme je disais plus tôt pour les voitures et l’ameublement, à partir d’un certain montant il peut être raisonnable d’emprunter plutôt que de payer comptant même si on possède la somme nécessaire. Ici aussi, il faut faire attention à ne pas se faire piéger par des petits paiements mensuels étalés sur une très longue période.

Les prêts étudiants

Pour nous les immigrants, quand on arrive au Canada avec un statut d’étudiant international, aucune institution financière ne veut nous prêter de l’argent. On est censé avoir assez pour payer nos études. Je me demande toujours quelle réflexion sous-tend cette décision des institutions financières. Des Canadiens qui paient au maximum 1500$ par session ont droit aux prêts et bourses pratiquement illimités, mais des étrangers qui paient en moyenne 7500$ par session n’ont droit à aucun prêt et les bourses sont sélectives. La majorité des bourses étant réservées aux résidents permanents et canadiens. 

Les étudiants internationaux sont pourtant les vaches à lait des universités québécoises. On a vu les universités se battre becs et ongles dernièrement pour que l’IRCC (Immigration réfugiés et citoyenneté Canada) accorde des autorisations de voyages aux étudiants étrangers parce qu’elles ne pouvaient se passer des revenus que ces étudiants génèrent. Mais leur situation financière continue d’indifférer la grande majorité. 

Pareil lorsque le ministère québécois de l’Immigration a décidé de modifier les conditions du Programme de l’Expérience Québécoise (PEQ), on a vu les universités monter au créneau pour déplorer leur compétitivité face aux autres provinces et les revenus qu’elles perdraient si les étudiants internationaux s’orientaient vers les universités des autres provinces. Mais quand vient le moment d’accorder du soutien financier à ces étudiants, le silence est assourdissant.

Par ailleurs, des prêts et bourses pour les étudiants internationaux seraient un tel avantage compétitif pour les institutions financières qui oseraient les offrir que je ne comprends toujours pas pourquoi ce n’est pas offert; sans compter la rétention de ces diplômés au Canada.

Bref, je digresse et je pourrai écrire un livre sur cette question. 

Pour ce qui est des dettes raisonnables, celles qu’on prend pour payer les études sont généralement raisonnables. N’ayant pas accès aux prêts en tant qu’étudiante internationale, j’ai payé mes études avec ma carte de crédit. Quand je me suis rendu compte que les intérêts mensuels que je payais approchaient 50$ par mois, j’ai opté pour une carte de crédit avec un taux d’intérêt moins élevé. Ça a diminué les intérêts que je payais et j’ai pu payer rapidement le solde.

Pour ceux qui ont accès aux prêts et bourse parce qu’ils sont résidents permanents ou citoyens, il faut savoir raison gardée en utilisant ces outils. Une de mes collègues d’université m’avait fait savoir qu’elle terminait son MBA avec 20000$. Je me suis demandé comment elle, une Québécoise, employée à temps plein dans une entreprise où elle était responsable des ressources humaines se ramassait avec autant de dettes alors que nous, étudiants internationaux, autorisés à travailler seulement 20 heures par semaine dans des boulots alimentaires on payait tout de notre poche.

Je râle comme ça, mais quelque part, c’est une bonne chose que nous n’ayons pas accès aux prêts et bourses, on termine nos études sans aucun fardeau financier et on peut commencer à bâtir la richesse.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *