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Les pièges de la carte de crédit : comment les éviter ?

Les dettes de carte de crédit sont les pires à avoir.

Certaines personnalités comme Dave Ramsey sont farouchement contre l’utilisation de la carte de crédit quel que soit le cas. D’autres comme Pierre-Yves McSween estiment que la carte de crédit est comme un fer à repasser : un outil génial lorsque bien utilisé mais dangereux dans le cas contraire.

Quand on arrive d’un pays où les cartes de crédit n’existent pas, il est un peu difficile de comprendre ce concept. Ailleurs qu’en Amérique du Nord, on sait que la carte bancaire est reliée à notre compte et qu’on ne peut en conséquence dépenser que ce qui est disponible dans notre compte. Bien sûr, il existe le découvert bancaire mais c’est une facilité de caisse ponctuelle qu’une institution va offrir à ses clients en fonction de leur profil et de leur comportement. 

La carte de crédit est un tout autre concept. Une institution met à votre disposition une carte, avec un montant d’argent prédéfini que vous pouvez utiliser comme bon vous semble et vous n’êtes obligés de rembourser que 2,5% (5% si la carte a été émise à partir du 1er août 2019) du montant total utilisé chaque mois. Si vous payez régulièrement les 2,5% obligatoires avant la date d’échéance, vous êtes considéré comme un bon client et il est possible qu’on vous propose d’augmenter régulièrement votre limite de crédit. Vous pouvez même retirer de l’argent dans un guichet avec cette carte. 

Face à cet argent « gratuit » et « peu contraignant », il est facile de penser qu’on est riche de quelques milliers de dollars de plus en permanence et d’inclure cet argent de plus dans la planification de ses dépenses. 

Sauf que ce n’est pas aussi simple que ça. 

L’argent de notre carte de crédit n’est pas notre argent

Ça a l’air bête écrit comme ça mais nous sommes plusieurs à tomber dans le piège de penser que parce que notre nom est inscrit sur la carte de crédit alors elle nous appartient. On dépense l’argent comme un argent qui nous était tombé du ciel sans savoir qu’on aura à le rembourser

Lorsque j’ai reçu ma carte de crédit, je ne me gênais plus pour aller flâner dans les centres commerciaux avec des amies. Et comme on ne ressort jamais de ces endroits sans y avoir laissé quelques dollars soit dans les magasins de linge ou d’accessoires ou encore dans les restaurants, je rentrais chez moi à chaque fois avec un solde plus élevé sur ma carte de crédit. 

Le piège du paiement minimum

Depuis le 1er août 2019, le gouvernement du Québec exige que les émetteurs de carte de crédit facturent au moins 5% du solde de la carte de crédit au consommateur. Le gouvernement s’est rendu compte que de nombreuses personnes ne font que les paiements minima sur leur carte, ce qui leur revient très cher et les maintient dans l’endettement. 

En effectuant seulement le paiement minimum sur un solde de carte de crédit de 1000$, on paie environ 444 $ en intérêts et ça prend 14 ans pour se débarrasser de cette dette. La question qu’on devrait alors se poser avant de faire seulement les paiements minima est « est-ce qu’il me faudrait vraiment 14 ans pour économiser 1000$? »

On pense souvent que le paiement minimum représente la seule somme d’argent que le fournisseur de carte de crédit nous demande de payer de tout ce que nous avons dépensé. 

Ce que nous devons retenir c’est que ce sont les mauvais payeurs qui permettent aux émetteurs de carte de crédit de prospérer. Si tout le monde payait sa carte dans les délais, les entreprises émettrices ne seraient pas si généreuses à mettre à disposition leur argent encore moins de proposer les nombreux avantages qui viennent avec la carte de crédit. 

Le cercle vicieux de l’endettement

Comme le paiement minimum dû à chaque mois représente seulement 5% du montant total des achats portés sur la carte de crédit, celle-ci est la voie la plus facile vers l’endettement. Le remboursement de 1000$ en payant seulement le minimum requis nous prendrait 14 ans à condition qu’on ne rajoute pas d’autres achats sur la carte de crédit. Ce qui est rarement le cas.

Quand on vient d’avoir sa carte, on se force à la payer au complet chaque mois parce qu’on nous a dit que c’est comme ça qu’on démontre son bon comportement auprès des créanciers. Mais plus le temps passe et on se sent à l’aise avec la carte, on commence à laisser des soldes à la fin du mois. 

Puis un imprévu survient et on le paie avec la carte de crédit. On fait un plan pour payer ce gros solde que l’imprévu a porté sur la carte mais on n’y arrive pas vraiment parce qu’il y a d’autres obligations. Encore et toujours. Un beau jour, on se retrouve avec 90% de la limite de crédit utilisée et on ne sait pas par où commencer pour payer cette grosse dette qui cumule des intérêts de 20% chaque année. Comme on continue à payer les minima à l’échéance, le fournisseur de carte nous propose à chaque trimestre d’augmenter la limite de crédit, et on accepte parce qu’on pense que c’est pour récompenser notre bon comportement. 

Ceci est mon histoire avec la carte de crédit. 

Le pire dans les cartes de crédit ce n’est pas tant l’argent qu’on emprunte mais les intérêts qui s’accumulent sur les soldes impayés. Lorsque le solde total n’est pas payé à la date d’échéance, les intérêts sont calculés sur le solde total du dernier relevé et des achats effectués pendant la période de grâce. Si votre dernier relevé de carte indique un solde de 1500$ payable le 28 janvier, si à cette échéance vous avez payé 1499,99$ l’institution émettrice de la carte va vous facturer les intérêts sur les 1500$ de votre dernier relevé.

Les cartes de crédit ont les taux d’intérêts les plus élevés qui soient, généralement à partir de 20%. Il y a bien sûr des cartes à faible taux d’intérêt mais elles ne sont pas très populaires. 

On n’accepterait jamais d’acheter une voiture ou une maison à 20% d’intérêt annuel mais nous acceptons de payer notre épicerie et nos autres bien de consommation courante à ce taux d’intérêt. Lorsqu’on ne paie pas le solde complet de sa carte à l’échéance, tous les achats portés dessus commencent à cumuler un intérêt de 20%. Les soldes ne sont plus vraiment des soldes parce qu’on finit par payer le plein tarif en intérêt. L’épicerie nous coûte plus chère, les vêtements coutent plus cher. Bref, les dettes de cartes de crédit sont celles dont on veut absolument se débarrasser le plus vite possible car rien n’égale de tels intérêts.

Un outil de paiement

La carte de crédit est un outil de paiement et non de financement. Ceci signifie que les achats portés sur la carte de crédit doivent être ceux dont on a la certitude de payer le solde au complet avant l’échéance indiquée sur son relevé de compte. 

Dans un pays où on paie pour utiliser l’argent que l’on possède dans son compte bancaire, la carte de crédit s’avère utile dans le cas où on peut choisir de payer tous ses achats courants avec la carte de crédit, et payer la carte de crédit en une seule transaction. On peut ainsi économiser sur les prix des forfaits en choisissant le forfait le moins cher qui comprend généralement 12 transactions et coûte environ 4$ par mois plutôt que d’opter pour un forfait de transactions illimitées qui coûte à partir de 14$ selon des banques. 

La carte de crédit peut également être pratique pour s’acheter des choses dont on a besoin mais qu’on n’a pas budgétisé pour le mois en cours. Par exemple, ce mois, j’ai dû m’acheter une licence Microsoft Office parce que celle que j’avais expirait. Je n’avais pas budgétisé pour ça et je ne pouvais pas nécessairement bouger de l’argent dans mon budget pour couvrir cette dépense. Alors je l’ai portée sur ma carte de crédit en sachant que le budget de février couvrira cette dépense sans que je ne paie d’intérêts sur mon achat. 

Voilà comment la carte de crédit est censée nous dépanner au quotidien. Mais si on porte un solde de 1000$ pour acheter du linge et des gadgets alors le revenu mensuel est de 2000$, on n’utilise plus la carte à son avantage.

Par ailleurs, la carte de crédit offre des avantages qu’il serait dommage de ne pas profiter. 

Il existe différentes offres de cartes avec des avantages plus qu’intéressants : remises en argent, points échangeables contre une foule de services, des garanties prolongées sur certains achats, les assurances, et j’en passe.

Il y a des gens qui se paient des voyages, des assurances, des billets de spectacles et toutes sortes de choses avec les points des cartes de crédit. 

Donc, comme le dit si bien Pierre-Yves McSween, une carte de crédit c’est comme un marteau. On peut construire des choses avec un marteau mais on peut aussi créer une scène de meurtre digne du film American Psycho. À chacune de choisir à quelles fins elle souhaite utiliser son marteau.

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